Au lointain temps de la navigation les travaux d'amarrage s'effectuaient par le biais de matelots ou de pêcheurs quémandés par les marchands transitaires . Les conditions d'accostage dans la préhistoire étaient vous vous en doutez plutôt périlleuses. Puis au fil des siècles l'homme a conquis de la méthodologie technique. En 1340 le port de Gênes, avec ses équipes de marins aguerris pour les tâches portuaires d'aide aux navires fut, sans doute, le promoteur d'un métier à part entière.

Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage...

Cependant depuis la préhistoire mers et océans portèrent les découvreurs d'espaces vers de nouveaux rivages. En visitant le billet «Phares, page1» vous aurez une notion de l'aventure maritime dans l'antiquité et même bien au-deçà. Par là même l'accostage des bateaux demandait la connaissance parfaite des fonds et des récifs. Les navires à voiles et les marchands faisaient appel aux marins-pêcheurs qui avec des barques guidaient vers les quais. Sans être des professionnels ces derniers recevaient de bienvenues royalties . La concurrence devint rude; il fallut règlementer. Au 14ème siècle (vers 1340) le consulat de la mer décréta à Oléron que les pilotes/lamaneurs auraient une existence légale. Est-ce pour se mettre au diapason du port de Gênes où une corporation de mariniers italiens mit en place ce métier? Les textes rendaient responsables ces «guides» en cas d'échouement. La réglementation est plus souple de nos jours... quant on sait qu'à l'époque fouet, bannissement du métier, supplice avec ligotage du corps sur un pieu (lors d'une volonté délibérée de malveillance) faisaient force de loi et réfléchir plus d'un. Puis 1681 par Colbert, 1807 par le code du commerce apportèrent des modifications. Véritables artisans pilote/lamaneur ils déployaient les astuces (par la famille et des signaux). Du lieu de pêche une véritable course à la prime se déclarait: le premier à l'échelle de bord remplissait d'autorité le travail. Les frictions risquant de nuire au bon déroulement de l'import/export les légistes durent statuer à nouveau. La scission entre le pilotage et le lamanage fut progressive mais inexorable. Certes chaque port français a modulé selon les accords ou désaccords entre les deux entités... mais le lamanage devenu gestionnaire libre de ses intérêts dut être légalisé officiellement. Les premiers intéressés montent une première SCOP au Havre en 1937 afin d'affirmer leur indépendance par rapport aux pilotes. Pourtant à Marseille les bateliers ou lamaneurs avaient leur service propre et montèrent, néanmoins, une société autogestionnaire en 1946. Cette initiative est reprise,ensuite, par l'ensemble des lamaneurs en 13 pays de l'Europe courant 1966. Le port de commerce à Brest crée son Service du lamanageen 1971. Il faut savoir, enfin, que dans la théorie l'appel à cette prestation n'est pas obligatoire... Les capitaines de navires ne s'y avisent pas vu les risques encourables. En fait les ports ont réglementé afin de contraindre les armateurs. Ce petit résumé peut vous inciter à une visite de sites «Marine marchande» très élaborés. YD...

Lamaneur vient du vieux mot français «loman» lui-même issu du néerlandais «losman»

Ce marin expérimenté allait au devant des navires en tant qu'«homme de la sonde». Avec cet outillage il guidait le bâtiment dans le chenal du port.


Annie, la fille d'Emile Petton nous rappelle comment s'effectuaient les manœuvres du capelage sur les bollards fixés aux quais et vice-versa.Elle a vécu l'éclatement du pilotage en deux métiers distincts. Elle est nostalgique et pour cette raison il n'y a pas de coupures dans notre échange son quoique ce fut mon premier désidérata.

D'Emile Petton à Louis Podeur ou du bateau pilote au lamanage autonome.

Dans le billet n°2 relatant le pilotage portuaire nous avons le premier témoignage de Annie fille d'Emile Petton. Elle a vécu l'évolution de cette branche dans les années 1960/1970. Il faut savoir que seuls les matelots des pilotines : vedettes rapides de transit entre le port et les navires travaillaient la manutention des haussières avec toutes les lourdes contraintes découlant du fait d'exercer... disons 2 métiers. Les grands ports avaient des SCOP indépendantes et bien structurées. La Rochelle crée la sienne en 1968... Il fallut attendre 1971 pour Brest. Le trafic en progression a certainement accéléré le processus de deux entités indépendantes. Annie se rappelle très bien que le terme lamanage ne s'employait pas du temps de son père et que les marins du pilotage restés à terre venaient compléter ceux du bord pour les opérations d'accès aux quais des navires.


Sur les conseils de Mr Delaugère, promoteur des coopératives du lamanage, certains marins décidèrent de gérer eux-mêmes leurs compétences en créant un service portuaire indépendant. Ils assumèrent, avec courage, un travail difficile quoique l'on en dise. Le trafic de denrées fut très soutenu et permis l'achat de vedettes adaptées aux exigences du métier. Louis Podeur nous rappelle le déroulement de la scission d'avec le pilotage et les premières années des lamaneurs au port de commerce brestois.


Suivons, à présent, François Le Berre, qui au jour de notre entretien était un des représentants mandatés pour diriger la coopérative de lamanage du port de commerce. Avec précision et le parler de sa profession il nous enseigne les différents services rattachés à cette spécificité portuaire. Son intervention est riche. La vidéo suit des marins lamaneurs dans l'action, souvent, âpre, où le physique et l'attention sont impératifs. La bande son est assez longue mais tellement instructive!!


Gilles Tréanton a pris le relais et Yann Goarant, déjà en poste avec François Le Berre, reste à ses côtés. Vous allez suivre leur interview et par vidéos interposées l'approche et l'amarrage d'un navire au 3ème éperon (genre de quai intermédiaire entre les grands bassins). L'équipe des jeunes réalisatrices et opérateurs du film court "Les bateaux meurent aussi" sera surprise et filmée par votre blogueur... avec son plein assentiment.


Jeanne, Mathilde, Charlotte vont clore ce billet. Elles ont suivi le professionnalisme de ces marins d'un genre particulier et sont donc aptes à nous offrir leur ressenti. Puis un dernière vidéo sur la fixation des haussières sur les bittes fixées sur le quai d'accostage. Un grand bravo à vous tous qui avez participé à l'élaboration de cette page dédiée aux lamaneurs.


Merci aux services portuaires nous ayant permis l'accès aux quais. Merci à tous les lamaneurs d'hier et d'aujourd'hui pour leur patience et leur disponibilité. Merci à Louis Podeur d'avoir ouvert ses archives personnelles. Merci aux archives municipales de Brest et aux archives de l'association havraise "L'Hirondelle de la Manche". Merci à Erwan Guéguéniat pour ses photos auprès. Merci à vous qui ne seriez, hélas, pas nommé. Les textes, interviews, photos récentes, vidéos sont de Yffic Dornic. Un salut au webmaster Yffic Cloarec pour ses directives de travail. Le 2 mai 2010 à portde Brest.