Achille c'est mon papa! Déplié il culmine à 1m85... c'est mon géant. J'ai 5 ans. Auguste n'aura pas d'œillères mais son père fait parti de son monde, tout comme sa mère et sa sœur. Ils sont ancrés dans ses tripes malgré les turbulences et les faux calmes. Un immeuble de la rue Madagascar reçoit la famille... Il raconte avec son style si particulier. Voici deux traits de son passé de môme : "Les tas de poussiers sont des collines que nous dévalions malgré l'interdit parental"... "Farouk, le chien noir nommé désir, qui course les mobs munies de sifflets et de bâtons redresseurs fini au fond d'un sac immergeable !"


Leurs lois, leurs disciplines, leurs... il s'en balançait. Que savaient-ils d'un destin sauvageon et peu enclin à l'obéissance aveugle? La butte du Polygone ouvrait la porte aux petites débrouilles. Deux petits extraits de "100 grammes de souvenirs" vous révèlent l'ambiant : "C'est avec arrogance que nous tétons les modules de gauloises bleues... puis le teint bistre, le mal au ventre, les yeux aussi rouges que les poissons de kermesse je rentre à la maison muni d'une nausée hallucinogène à faire danser mes parents et tanguer le mobilier!"... "L'ORTF permet, via un boîtier, un regard sur la télé et aux puces de piquer les fesses des récupérateurs de pèze".


Auguste Isch parle de son père et d'un drôle de rôti ; "Achille quand il vivait, tout petit, avec ses parents au fort du Minou avait un lapin en peluche prénommé <Chéri Coco>. L'inséparable doudou, qu'il trimbalait partout où il allait, fît une chute malencontreuse du haut de la falaise... Il tomba à l'eau et fût emporté par les flots, sous ses yeux, disparaissant corps et bien engloutit par la mer. Imaginez sa tristesse... Mais à quelques jours de là, jouant avec sa sœur dans une crique, quelle ne fût pas sa surprise de retrouver son lapin, fripé et mouillé, échoué sur les galets. Achille, ému et tout à sa joie, se mit à courir autour du naufragé en poussant des <Chéri Coco est revenu... Chéri Coco est revenu!>... "Un rôti d'un mètre est faiseur d'un chèque surgonflé !".


Le métier de docker était la planche de salut pour les bourlingueurs de vie mouvementée ou éclatée. Pendant neuf ans il a promené son allure chaloupée sur les quais. Les journées de seize heures n'étaient pas rares pendant la saison des agrumes et de pommes de terre d'exportation. La paie en liquide retenait les plus déracinés et les bonnes occases de se faire une java ne manquaient pas. La fatigue? Inusables les gars... Inusables! L'horloge revoyait ses habitués et autres candidats à l'heure tapante des embauches.

Sur le port de commerce, dès que j’évoque le Bar « Aux Quatre-vents » je pense aussitôt à Marina, barmaid élancée aux longs cheveux dorés. Et lorsque je dis : « Et dire que je l’ai connue si petite ! » ce n’est pas sur le ton de la plaisanterie. A vrai dire, la première fois qu’on me l’a présentée, elle ne marchait pas encore. Nous avons très vite sympathisé, au point d’aller nous promener tous deux en poussette le long des rues brestoises, pendant que Muriel sa maman travaillait. Je ne compte plus les petits pots que nous avons mangé ensemble, et les risettes, dont Marina était prodigue, qui me ravissaient tant, qu’aujourd’hui encore j’en garde un souvenir impérissable. Marina je t’offre un gros bisou, d’avoir été si gentil avec moi.


Les années se sont égrainées dans une spirale hors du temps... Les tempes sont devenues grises... Ses enfants ont grandi. Il lisait. Il s'est mis à écrire en feuilletant dans sa mémoires les moments tumultueux et plus assagis? L'homme s'est reconquit... Il peut-être fier de lui. Sa place sur ce blog prouve une chose:il faut du caractère pour resurgir.

Les textes, photos, vidéos, interviews sont de Yffic Dornic. Néanmoins les photos de jeunesse viennent des archives de Auguste Isch et les vidéos où nous apparaissons tous les deux ont été tournées par Nadine. Bravo au webmaster Yffic Cloarec très formateur auprès du blogueur. Le 15 avril 2010.