Avant la locomotive ce sont nos bons serviteurs de la race chevaline qui tirèrent les chariots (wagons) sur le chemin de fer... à 3 km/h de moyenne ! Puis la machine à vapeur de techniciens anglais fit son apparition. Le texte en encadré apporte les précisions sur l'évolution mécanique et énergétique du rail.

Les tortillards

Les trains « patate » vous souhaitent un bon voyage

La ligne Paris-Brest ouverte en avril 1865 a secrété des réactions assez pittoresques. En effet l'arrivée de ce mode de transport avec ses flots de voyageurs fut perçue comme une machination du mal. Les vieux bretons eurent des réflexions telle celle-ci: «La langue, la foi, les traditions de la Bretagne sont en danger! C'est la venue du diable ce cheval noir! »Le train a bousculé les habitudes de toutes ces générations en fin du XIX ème siècle et propulsé vers des paramètres économiques insoupçonnables. Reconnaissons que ce nouvel outil a servi les alliés pendant la grande guerre de 1914/1918 pour le matériel venu d'Amérique et a imposer ensuite l'agrandissement d'une gare de transit sur le port de commerce brestois. Venons à présent aux aléas de certaines situations croquantes pendant ces très longs acheminements de quelques 18 heures entre les deux villes (type de locomotive Corpet-Louvet 030T .?).Les trains étaient plus bas et donc beaucoup plus accessibles qu'aujourd'hui...pas de couloirs, pas de toilettes cependant. Chacun apportait sa nourriture, les femmes utilisaient un pot voire une bouteille afin de soulager les jeunes enfants dans l'urgence. Le vidage? Par la portière au futur arrêt!Les plus grands devaient trépigner en attendant cette halte en gare... La couverture était impérative vu le manque de chauffage dans les voitures. Vous aviez droit à 30 kilos de bagages sans frais supplémentaires. Des services à la clientèle se pourvoyaient auprès des passagers en terminus. Voilà un petit condensé du ressenti par nos aïeux sur ce réseau ferroviaire.

Comment, par qui l'existence du chemin de fer? Quelques dates, quelques noms, quelques lieux vont nous brosser cette aventure humaine. Les « tortillards »? Comme le dit M. Cavarec cette dénomination vient du fait que les trains zigzaguaient et sortaient parfois des rails

  • 1671 Denis Papin compr* end la maniabilité compressive de la vapeur d'eau.
  • 1765 L'anglais John Watt instrumentalise cette donne dans une machine.
  • 1804 La première locomotive sur rail
  • 1827 Un premier train circule en France dans le département de la Loire vers Saint-Etienne.
  • 1835 Les 100 km/heure sont atteints
  • 1842 L'anglais Budiccom ouvre ses ateliers de construction de locomotives à Sotteville-lès-Rouen-les-Rouen. J'ai connu la désactivation de cette production. Actuellement ce lieu est un pôle de création des Arts de la Rue dénommé : L'Atelier 231.
  • 1844 « Les Batignolles » est la première gare marchandise.
  • 1855 La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest voit le jour.
  • 1860 Le port Napoléon est à ses premiers travaux: remblais, premier quai, projets d'import-export nouveaux, gare maritime etc... Une demande (réitérée) du chemin de fer à Brest parvient aux plus hautes instances.
  • 1865 Le 18 avril les officiels débarquent sur les quais de la gare de Brest afin d'inaugurer la ligne venant de Paris, ce le 25 avec l'arrivée du premier train voyageur.
  • 1866 (novembre) La première voie s'installe sur le port de commerce de Brest afin d'entrer sous le tunnel conduisant aux rives de la Penfeld et domaine de la Marine Nationale.

Puis vinrent les projets, les trains « patate » qui tiennent cette dénomination par leur lenteur malgré l'énergie déployée et de leurs chargements en denrées diverses dont les pommes de terre. Les performances américaines lors des guerres de l'autre siècle accélérèrent les rendements et la qualité d'accueil... Nous allons capter différents témoignages afin de sentir l'évolution et... malheureusement l'érosion du trafic sur le port de commerce: la route est venue en parallèle s'attribuer certains marchés.


Les réticences envers le nouveau transport eurent la peau durent. Brest attendit plus de 28 ans pour inaugurer sa ligne. Une visite aux gares voyageurs et marchandises nous fait découvrir le rail et l'évolution de l'ensemble ferroviaire du site brestois (sachant que vétusté et guerres ont obligatoirement généré une refonte). La beauté de la gare des trains départementaux ne peut que faire regretter sa disparition. Visionnons la gare de Sollers considérée comme la plus vieille du monde.

La plus vieille gare du monde serait celle du port de SOLLERS en l'île de Majorque (Baléares/Espagne)

C'est à la fin du 17ème siècle qu'un bâtiment, vieux de plus de 300 ans est transformé en gare voyageurs et marchandises par calèches et autres tombereaux... Le chemin de fer y prend place vers 1912.

Et....

Le 25 avril 1865 Mr. Méric, ministre des transports de l'Empereur Napoléon III, inaugure la gare de Brest. Cet accueil classique, sous verrière, est un grand hangar sans intérêt architectural. Autour vont se gréver des entrepôts marchandise. La décision de connecter les ports militaire et de commerce aura une réalité par l'installation d'une voie (ce sujet va être traité plus loin). Des milliers de brestois profitent des festivités de trois jours pleins. Foin des ronchons! Les locomotives « Paris » et « Brest » toutes fleuries furent baptisées après un voyage de plus de 18 heures ! Sachant que le terrain de l'implantation était sous dominance militaire les caractéristiques du bâti furent dictées par le génie... Voilà la raison d'un ensemble quelque peu archaïque qu'il convint de démolir (vu son état de délabrement). La gare actuelle est inaugurée en fin 1936. Construite en béton et en pierres du granit de La Clarté (22), elle a subi quelques dégâts pendant la dernière guerre. L'horloge remise en place redonne un aspect presque originel à cette structure classée monument historique. Elle a une belle fréquentation dans son agréable hall d'entrée et son accès facile aux quais. Elle est le terminus du bout du monde. De son minaret un panorama fantastique sur les terres et la mer d'Iroise nous invite au voyage (hélas la visite n'est pas publique par mesure de sécurité).


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Une enquête d'utilité publique, orchestrée par le Préfet Ch. Richard, en date du 29 décembre 1860 insistait sur l'urgence d'une gare marchandise et de transit sur le futur port Napoléon décidé par l'Empereur en août 1859. En supervisant les archives nous savons que 1866 est l'année de la réalité ferroviaire sur les ports militaire et de commerce via Le Rody (sur les hauteurs entre Brest et Le Relecq-Kerhuon). Visionnez les deux vidéos qui sont tellement explicatives !


Ils y croyaient à ce port transatlantique nos anciens ! Plus ingénieux les uns que les autres ils dessinèrent un immense chantier rail/mer. Ces projets présentés, ici, furent mis à plat par le fait d'une concurrence acharnée, du désenclavement régional, des conflits et des nouveaux modes de transport tels le camionnage puis l'aviation. Pour honorer leurs mémoires, ce texte veut porter ces hommes qui faillirent créer une métropole d'exception. Claude Casimir-Périer et Maurice Caradec nous confient.


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Remerciements sincères aux nombreux contributeurs dont les noms suivent sans ordre préférentiel: Les archives municipales de Brest, les archives locales de la sncf Brest port, les archives de la "Revue du Rail" sous les bons soins de Louis Hery, les archives de la CCI de Brest, Mr François Cavarec pour ses apports de mémoires, Paul Peden formidable acteur du milieu cheminot, le Service Historique de la Marine, Mr Jean-Pierre Caradec pour son aide logistique, la bibliothèque d'études à Brest, Wiki-Brest (Gaëlle Fily) pour son soutien et ses conseils, Goulven de la Caisse à Clous, Michel Poulain pour ses apports photographiques. Photos récentes et vidéos sont de Yfiic maire accompagné par Loulou Hery (sans qui les billets sur le rail ne seraient pas aussi fouillés). Les textes et interviews sont de YD. La mise en ligne est de Yffic Cloarec webmaster incontesté. Le 15 juin 2009