Ce billet est la suite de l'épisode 1 à consulter par ici.

Monuments disparus, transformés... Quais et forme de radoub bombardés, reconstruits... Usines et gare marchandise rayées, déplacées... Tant de mutations ont remodelé l'aspect du site. Imaginons la stupéfaction de nos anciens... au cas ils nous reviendraient ! En 35 années, de présence ici, j'ai moi-même ressenti comme un peu d'affolement. Les repères mutent sans discontinuer.


Il a 88 ans. En 1933 il débute sa carrière sur le port... Son témoignage est une rétrospective portant sur des dizaines d'années. Ouvrons le livre de ses souvenirs et apprenons que le charbon s'amoncelait afin de ravitailler les locomotives à vapeur. Eh les anciens... vous vous souvenez lorsque nous partions en COLO dans les trains ? Malheur à ceux qui ouvrant les vitres des compartiments (vers l'extérieur !) avaient droit à la ou les petites poussières dans l'œil. Hum, hum çà irritait et nous énervait.. en vain. Auguste MEVEL remémore ce temps là...

Il a connu nombre de "Liberty Ship" (cargos construits en série par les États-Unis lors du conflit mondial). Ces bâtiments chargés de charbon américain faisaient route sur Brest plutôt que sur Le Havre puisque la traversée durait 2 jours de moins. Le client privilégié étant la SNCF (Les locomotives fonctionnaient à la vapeur) l'on se doute des rotations entre l'Ancien et le Nouveau continents. Cependant certains navires tels les "chercheurs d'or" se ravitaillaient auprès de son entreprise afin de naviguer dans les eaux de la mer d'Iroise. Il devint "Chef de quai" gérant plusieurs dizaines de dockers ou autres manutentionnaires. Le charbon ce fut sa vie... mais pas seulement. Sous un aspect frêle cet homme de caractère tendait son travail à bout de bras. L'explosion en 1947 de "l'Océan Liberty" apporta la preuve (malheureusement dans des conditions extrêmes) que le cœur était dans la tripe de ce sacré bonhomme. Il débauchât ses gars et assurât la sauvegarde du matériel. La mort l'a frôlé, ce jour-là... et pourtant vous pouvez continuez de le suivre en l'année 2007 lors de ses confidences (flèches vertes)


Yves ELLEOUET a tout connu ici : un métier et l'amour. Brillant apprenti il devient un OS de la réparation navale. Très en verve, il jalonne sa vie active de succulents souvenirs. La masse laborieuse crachait bien dans les mains afin d'œuvrer sur les chantiers. Puis secouriste du travail, puis ami de MARCHADOUR le syndicaliste, puis avec le cosmonaute Pavel POPOVITCH... Voilà quand même un sacré parcours !

Ses premiers navires ? Des chalutiers que les allemands avaient armé de canons et que le chantier naval dut remettre à la pêche en y ajoutant des chambres froides. Compagnon à 17 ans il passât 40 années sur les "Liberty Ship" afin de les remodeler puis sur les pétroliers et même sur le porte-avion Clémenceau (en l'[arsenal] cette fois par le fait de sous-traitance entre la Marine Nationale et son employeur). Avant de continuer voici un petit morceau d'anthologie : " Au début de mon apprentissage nous avions des tickets de rationnement afin de manger au restaurant (en ruines). Nous autres, les jeunes, recevions comme les compagnons un bon de vin... l'on ne buvait pas et l'échangions contre le bon de pain des aînés. Tout le monde y trouvait son compte... surtout la mère bien heureuse d'avoir un plus pour ses mômes. Puis une chose que je n'oublierai jamais... le passe plat avec la soupe dessus. Il se passait sur la table et était suivi de cafards; ceux placés dans l'espèce de toiture tombaient parfois dans la gamelle toute chaude. Personne n'y prêtait attention et l'on continuait de manger.. C'était comme çà !".






Cette épisode 2 se termine : un autre va s'ouvrir toute aussi prenant. Photos à droits réservés : merci aux archives municipales, à Mrs Goulven Legall, Jean-Claude Meudec, Yves Elleouët, René Cadalen et auteurs anomymes. Les vues modernes, les textes et les interviews sont d'Yffic maire du PORTDE. Fait le 17 janvier 2008.