Nos aieux avaient-ils la même sensation ? comme le seuil d'une maison, il nous accueille, nous rassure. Il nous déverse, chaque année, des vagues de gens venus d'ailleurs. Il sait recevoir ses hôtes ! Sa construction résulte d'un indispensable relais entre le port et Brest. Par stratégie, puis service vers la population, il fut dessiné, bâti par le génie militaire en 1863/1867. Le Cours Dajot, qui le surplombe, était prisé des promeneurs. Ils eurent un accès plus direct sur ce nouveau port Napoléon (III).


Hier, 17 avril 2007, je décide une pause sur un palier de l'ancêtre. Le soleil me chauffe... Ca porte au rêve. Les pierres parlent ? Aujourd'hui, 18 avril 2007 à 10h36, mon portable sonne... Allo ? Oui ! Madame Michèle Morgan désire vous parler. Joie intérieure lorsqu'elle m'offre ses souvenirs, un peu flous, sur son passage ici. Plus que l'escalier ce sont les plages magnifiques de notre Finistère qui se remémorisent. Et cette maison fabriquée pour les besoins du film... Et les tempêtes énormes... Ca me revient. Je vous salue sincèrement, Madame, pour ce geste qui vous honore.

L'escalier 1867

Après 200 ans de tergiversations entre les pour et les contre un port de commerce, en l'anse de Porstrein, vit le jour par la décision de Napoléon III en date du 24 août 1859. Le génie militaire construisit des escaliers afin de permettre l'accès entre Brest et ce nouveau site marchand. Celui qui nous concerne fut bâti en complément du déjà existant depuis 1861/1863 et situé sur le Square du Port (Parc à chaînes). Sa notoriété dépassa celle de ce dernier pour deux raisons bien distinctes:

  1. Venant du centre ville via le Cours Dajot les piétons n'avaient plus la contrainte de descendre ou de remonter par les longues rampes allant vers la gare et la porte Nationale.
  2. Le tournage réalisé par Jean Grémillon en 1939 le fit connaitre dans le monde entier.

Cet escalier représente un atout mémoriel pour les brestois. Non seulement il fût (et aujourd'hui encore) le témoin de maintes et maintes échanges de la ville d'en haut vers celle d'en bas... et vis-versa, mais le film "Remorques" tourné en 1939 a projeté son profil, ses marches, la falaise et l'approche du port de commerce. Michèle Morgan m'a fait l'honneur de converser quelques dix minutes par téléphone interposé à son sujet. Chapeau bas à cette dame qui s'est mise au niveau de l'humain... dont elle fait partie... en offrant quelques souvenirs. En voici un m'ayant touché:

  • "Il y a dans mes étonnements d'alors celui-ci : Un décor immense avec un ensemble de maison et de commerces divers en grandeur nature. Nous étions dans un univers créatif nouveau et moi l'intimidée par Jean Gabin ça m'a tellement impressionnée, si vous saviez!"
  • Je me suis permis de l'interrompre... "Pardon, Madame, mais au fur et à mesure que vous le décrivez... je le regarde puisque une copie photographique de ce décor est accrochée dans ma salle de séjour..."
  • "Quel bonheur ! Merci monsieur !".

Les sables blancs de nos plages finistériennes ont, eux aussi, fasciné les yeux à la beauté rare de cette grande artiste du cinéma français.

Il a connu de nombreux bonheurs, de nombreux malheurs. Les guerres ne l'ont pas épargné, sans jamais le détruire. Ses pierres sont usées par les sabots, les bottes, les chaussures l'ayant pratiqué. Des mains d'enfants, de plus grands, de soldats, d'amoureux (qui cachèrent, parfois, leurs ébats dans ses niches accueillantes) ont frôlées, saisies ses rampes d'acier.Il est le passage des touristes, des accrocs du portde, des travailleurs et autres utilisateurs. C'est notre escalier 1867 qu'il convient de respecter en mémoire de nos anciens qui surent le construire et le préserver.

Remise à jour le 28 juillet 2009. Merci aux Archives Municipales de Brest La voix : Brigitte Gonzalez. Clarinette : Sylvie Brucker. Ces passants gravissant l'escalier : les comédiens, techniciens, proches de la Cie Amoros. Cirqu'enflex, résidant en Suisse, sublime à la trompette. Bravo à vous tous.
Textes et photos d'aujourd'hui : Yffic Dornic.