Avant la création d'un port de commerce en l'anse de Porstrein, suite au décret impérial du 24 août 1859, se trouvaient des maisons de pêcheurs accrochées à la falaise se situant en-dessous le Cours Dajot. En 1861 les premiers travaux commencèrent par créer des terres‑pleins au pied de la falaise côté ouest en aplomb du 1er bassin actuel. L'entreprise Le Tessier de Launayi arracha plus de 5 000 000 m3 à l’îlot de la Rose, aux carrières de Poullic‑al‑lor et du Moulin‑Grivart (se reporter au billet: Si le port m'était conté). Suite à la construction des rampes donnant accès aux quais les commerçants quittèrent les bords de la Penfeld pour s'installer au port dit Napoléon, et plus tard , le 13 novembre 1873, le conseil municipal dénommait les nouvelles rues.

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Maisons de pêcheurs et d'exploitants de fours à chaux. Photo du Domaine public.

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Canot de l'Empereur Napoléon III en 1858. Photo Gaby versée au Domaine public.

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Lettre de la décision impériale vers le préfet du 15 décembre 1859. Service historique de la Marine

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Projet présenté le 09 août 1858. Archives du Service Historique de la Marine.

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Vue d'ensemble du projet "Port Napoléon". Archives du Service Historique de la Marine.

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Le journal l'Océan du 19 décembre 1859 écrit sur l'arrêté impérial. Service historique de la Marine

portnapoleon_grand.jpg Post-scriptum du même journal remerciant l'empereur Napoléon III (cliquer pour agrandir). Service historique de la Marine

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Extraordinaire vision des travaux au port Napoléon vers 1862. Bernier photographe de Brest.

Extraits du journal L'Océan des années 1865 à 1867.

(source Service Historique de la Marine)

Quimper le 28 avril 1865.

Monsieur le président,

Je m'empresse de vous faire connaître un fait qui vous causera certainement une satisfaction aussi vive que celle que j'en ai éprouvée moi-même.
S. Exc. M. le Ministre des travaux publics, qui avait visité avec la plus grande attention, le Port Napoléon, s'est occupé, pendant la traversée de Brest à Châteaulin, des améliorations qui pourraient être apportées à cette grande œuvre, à laquelle il attache la plus grande importance. Son Excellence, après avoir étudié les plans qui ont été mis sous ses yeux, a décidé que des études allaient être faites sans aucun retard sur le projet suivant :
Le bassin à flot, au lieu d'être construit dans le Port, y serait ajouté, et serait placé au-delà de la digue Est, laquelle serait ouverte pour établir la communication.
Je n'ai pas besoin de vous dire les immenses avantages de cette combinaison; vous les comprendrez mieux que je ne saurais vous les expliquer. Ce projet serait exécuté immédiatement, malgré le surcroît de dépense ( environ 5 millions), et l'achèvement du Port n'en serai nullement retardé.
Je suis heureux, Monsieur le Président, que le Ministre ait bien voulu me chargé de vous annoncer une nouvelle qui ajoutera encore au sentiment de reconnaissance que la population brestoise avait déjà voué à son Excellence.

Agréez, Monsieur le Président, l'assurance de ma considération très distinguée.

Le préfet du Finistère,
CH. RICHARD.

Brest le 29 avril 1865

Monsieur le Rédacteur,

Nous nous empressons de porter à l'attention de la connaissance de nos concitoyens une nouvelle qui témoigne de l'intérêt tout particulier que le gouverneur porte à notre ville .
S. Exc. M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics a examiné sur les lieux, pendant son court séjour à Brest, notre Port de commerce dans toutes ses parties, et a décidé que des études allaient être faites sans aucun retard pour reporter en dehors du Port actuel le bassin à flot.
Cet agrandissement considérable que recevra le Port Napoléon le mettra en position de suffire aux besoins du présent et de l'avenir pendant de longues années.
La Chambre et le Tribunal de commerce, interprètes des sentiments de reconnaissance de la population, en transmettent aujourd'hui l'expression vivement sentie à son Exc. M. le Ministre des travaux publics.
Agréez, etc.
Le Président de la Chambre de commerce, KERROS.
Le Président du Tribunal de commerce, N.-J. DUBREUIL

Nous, Préfet du Finistère,

Vu la lettre en date du 13 septembre courant, par laquelle M. le Président de la Chambre de commerce de Brest appelle l'attention de MM. Les ingénieurs du Port Napoléon, sur la nécessité d'établir des baraques provisoires sur les terre-pleins de ce Port ;
Vu les rapports fournis, sous la date des 14-16 septembre courant, par MM. Les ingénieurs, au sujet de cet établissement;
Considérant qu'ainsi que l'expose M. le Président de la Chambre de commerce, l'ancien Port marchand doit être évacué le 1er octobre prochain, au profit de la Marine Impériale; que, par suite des retards apportés à la vente des terrains du Port Napoléon, les marins et les ouvriers vont s'y trouver privés, pendant longtemps encore, de tous les établissements dont l'existence est commandée dans le voisinage d'un Port de commerce; que pour remédier à cet état de choses, la Chambre de commerce demande qu'on mette à sa disposition les quelques terrains qui peuvent être disponibles sur le Port Napoléon, la Chambre s'engageant à les répartir entre les commerçants dont elle jugera l'industrie utile aux besoins du Port, et à y faire établir par eux des baraques qu'elle leur ferait enlever dans un délai de six mois;
Considérant que MM. Les ingénieurs sont d'accord pour reconnaître l'urgence qu'il y a à ce qu'une solution favorable soit donnée à la Chambre de commerce; que leurs rapports font connaître les terrains qui peuvent être mis à la disposition de la Chambre;
Adoptant les conclusions proposées par M. l'Ingénieur en Chef,

Nous avons annoncé que l 'Administration des douanes installait provisoirement ses bureaux dans l'établissement même de la gare qui a été construite par la Compagnie transatlantique sur une des darses du port Napoléon, et où le commerce trouvera dès aujourd'hui, pour procéder instantanément et sur place à ses déclarations et vérifications, toutes les facilités dont il a besoin
. C'est tout ce qu'il fallait en attendant la construction qu'il s'agit d'édifier pour la douane, sur l'avant-quai, en face de la seconde darse, construction dont le plan est arrêté, et où l'on va mettre sans tarder les ouvriers, afin de la pousser aussi activement et aussi vite que possible.
La maison de la Douane, dont nous avons eu le plan sous les yeux, forme un ensemble d'un aspect simple et sévère, mais complet et parfaitement adapté à sa destination.
Toute la partie droite du rez-de-chaussée sera affectée aux bureaux de la Recette principale, du Sous-Inspecteur, des Vérificateurs et des Déclarations. La partie gauche sera occupée par le Corps-de-garde et le bureau du Lieutenant.
A droite du bâtiment, une grille d'entrée donnera accès aux voitures dans une vaste cour située derrière les bureaux. Les magasins de dépôt et de vérification seront établis dans cette cour. Une grille de sortie ouverte dans le mur du fond de la cour assurera la libre circulation des voitures.
Le premier étage de la maison sera disposé pour les logements du Receveur principal et du Sous-Inspecteur de la Douane.
On apprendra avec plaisir que la rédaction des projets et leur exécution ont été confiés à M. A. Marie, ingénieur civil, le même sous la conduite duquel ont été exécutés les immenses travaux de la gare du chemin de fer de Brest. C'est une garantie que le travail de la douane sera bien et rapidement exécuté.

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14 juillet 1881: Le port de commerce un des lieux pour danses publiques. Archives municipales Brest.

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Le casino se trouvait en dessous du château Ker Stears. Archives Goulven Le Gall.

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Là où l'on sait que le tram à de l'avenir. Archives des Cahiers de l'Iroise

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La porte Nationale au fond a disparu. Archives américaines lors de la guerre 1914/1918

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Le 1er bassin est l'ancien port Napoléon. L'octroi aux 4 horloges à droite . Archives Goulven Le Gall.

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C'est assez cocasse... Archives des Cahiers de l'Iroise.

Le 22 novembre 1841 première concession de l'éclairage, via une usine à gaz, fut donnée à M.Stears qui créa une société avec M. Pitty comme gérant. Ils s'associèrent en 1857 et vendirent ensuite à la Compagnie Générale du Gaz en avril 1888. Cette dernière sera nationalisée le 8 avril 1946. Mr Stears fit bâtir un château sur un terrain lié à cette usine qui servit de demeure à son couple. Aujourd'hui le site appartient au lycée privé l’Estran Fénelon sous la tutelle du ministère de l’Éducation Nationale. Les bombardements alliés privèrent à plusieurs reprises les brestois de gaz.

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Cette usine se trouvait à l'angle des rues Poullic-Al-Lor et Pierre Sémard. Archives Goulven Le Gall.

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Il est plus facile pour vous de situer l'usine à gaz dans sa forme ancienne. Archives municipales Brest.

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Aujourd'hui nous sommes au niveau du rond-point Herman Melville. Archives Goulven Le Gall.

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L'usine à gaz était au-dessus de l'octroi du même nom. Archives Goulven Le Gall

L'USINE ÉLECTRIQUE: Après des accords passés entre la Compagnie du Gaz et la ville, celle‑ci accorda, par un traité des 2'7 et 29 mai 1911, à la compagnie Générale d'Electricité, le monopole de l'éclairage public. Peu à peu, dès 1912, des ampoules électriques de 50 bougies remplacèrent les 1150 becs de gaz. Des concessions particulières commencèrent à être accordées. Les bâtiments publics s'électrifièrent et au premier rang le: Théâtre. L'usine thermique fut construite en 1910‑1911 sur un terrain du port de commerce cédé à la ville par les domaines près du groupe scolaire que l'on aperçoit au premier plan de la photographie.

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Usine électrique située dans le quartier dit de Madagascar. Archives Goulven Le Gall.

A l'arrivée des américains en novembre 1917 les cantonnements d'une partie des services de la Base US n°5 installée à Brest pour la Bretagne et ceux des dockers noirs américains furent installés sur le port de commerce. Mais l'afflux des unités venant du Nouveau-Monde obligèrent à ouvrir d'autres lieux d'accueil. Ce 31 mars 1918 le Vice-amiral Frédéric Paul Moreau, préfet maritime, autorisait la prise en charge, par l'armée américaine, des installations dites de Ker Stears, sur les hauteurs de Saint-Marc. Cela suite à un accord avec l'armée anglaise sur des terrains où cette dernière avait à l'origine construit des baraquements pour des troupes portugaises. L'armée britannique reçut en échange le fort du Guelmeur. En mai, une première unité américaine composée de soldats travailleurs noirs s'y installait. Le problème du manque de place sur le port de commerce ne fut jamais résolu puisque la flotte américaine débarquait une telle quantité de combattants qu'il fallut s'ouvrir vers un autre site : Pontanezen. Source: Archives des Cahiers de l'Iroise.

txt4-1.jpg Embarquement des troupes américaines vers le front. Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-2.jpg Défilé de troupes provenant du Château de Brest vers le port. Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-3.jpg Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-4.jpg Départ du général Pershing de New-York vers Brest. Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-5.jpg Débarquement des généraux Pershing et Foch au portde . Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-6.jpg Accueil du général Pershing par le général Foch . Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-7.jpg Recrutement de volontaires bretons et canadiens . Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-8.jpg Pendant ce temps ré-embarquement des deux généraux alliés. Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-9.jpg Orchestre de jazz-band noir américain au port de Brest. Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

txt4-10.jpg Bateau-hôpital au port de commerce de Brest. Archives américaines lors de la guerre 1914/1918.

Cette première page se termine donc au moment de l'armistice de1918 dont nous ne parlons pas puisque connue par tous les internautes de France et de Navarre! Le billet suivant présentera la période de l'entre deux-guerres jusqu'à nos jours.

Remerciements vers: Archives du Domaine public, Gaby pour photo versée au Domaine public, Archives du Service Historique de la Marine, André Yves (dénicheur d'archives), collection de Bernier photographe de Brest, Archives municipales Brest, Archives Goulven Le Gall, Archives des Cahiers de l'Iroise, Archives américaines lors de la guerre 1914/1918 et à Kevin Morizur qui nous a découvert les archives américaines. Un grand merci à Jean-Marie Grall, mon webmaster si disponible. Textes de Yffic Dornic. Fait au port de commerce ce 12 mars 2014.