Les cabestans sont frais repeints, les pompes à ballasts sont bien capuchonnées et leurs axes graissés. Le Pointe-de-Lesven échoué en la forme pendant le mois d'octobre 1988 (Photo Yvon Perchoc) nous ramène à l'architecture originelle. Le Thalassa (bateau océanographique) entré le premier en août 2009 n'a pas été travaillé par les entreprises civiles en place contrairement à son suivant le roulier M--N Eider. Voilà pourquoi nous nous intéressons à ce dernier puisqu'employeur de notre main-d'œuvre locale. Saluons tout de même le professionnalisme de l'Ifremer et de ses équipes.


Que vous dire sur l'arrivée du Eider sinon de vous invitez à regarder les magnifiques photos prises par Erwan Guéguéniat ? Toujours à la recherche du scoop maritime il apporte des témoignages visuels très succincts. Il es vrai que ce Chef mécanicien maîtrise autrement que moi-même les phases de manœuvre. D'ailleurs écoutez-le donc dans l'interview vidéo enregistrée près l'évènement.


Le sablage effectué nous laisse une coque lisse et terne. Ensuite les parties oxydées sont couvertes de minium (ce qui donne un aspect pittoresque assez subjectif). Les couches suivantes habillent les tôles. Sur la photo où apparaît la poupe avec l'hélice nous remarquons trois choses :

  • a) L'usure des peintures en général et plus particulièrement en bas de la rampe.
  • b) la dimension imposante du roulier (pourtant de gabarit moyen) et celle des tins par rapport au caréneur visible à droite.
  • c) sur la gauche nous apercevons le nouveau bajoyer et mesurons l'incontournable nécessité d'élargir la forme.


Sous des mains expertes l'ensemble du navire devient fringuant. C'est inouï comme la magie des blancs, des bleus, des rouges ambrés semble aérer une brute carcasse de bateau. Les hommes sont pointilleux, les lettres M-N Eider fusent du tribord comme du bâbord. Parlons des rouliers et des passerelles ro-ro (s)... Mais surtout regardons les travailleurs installés dans les nacelles.Ils sont des dizaines à vaquer en dehors comme en dedans. Du bel ouvrage, oui vraiment du bel ouvrage.

Le M-N Eider est un bateau roulier.

La poupe de ce navire s'ouvre et se ferme hermétiquement. En effet l'immense rampe arrière est mobile de manière à charger ou décharger du matériel roulant. Il diffère des ferrys par le non embarquement de passagers. Sa fonctionnalité est double puisqu'il transporte aussi des conteneurs. Unité de la Compagnie Maritime Nantaise, il est autonome et peut transiter par lui-même le fret. Cependant dans certains ports il fait appel à une passerelle ro-ro. Cette structure fixée à un quai a deux variantes: soit avec rampe sur caisson à ballasts que remplit d'eau ou d'air un opérateur en cabine par rapport aux marées montantes ou vice-versa, soit avec deux vérins hydrauliques qui soudés à la rampe règlent automatiquement par des colonnes de soutien l'évolution des hautes où basses mer afin que roulier et passerelle puissent embarquer ou débarquer le fret en continu. Le cargo peut manutentionner aussi en solo si les conditions à terre le permettent (cales en pente).

Les gros porteurs sont dotés d'une rampe "Portefeuille" comprenant plusieurs panneaux qui se plient ou se déplient selon les zones portuaires. D'autres ont une rampe en oblique (tribord pouvant être plus court que bâbord), la poupe gardant une forme classique. Ceci permet au navire de manutentionner sur tous les terres-pleins même si les bassins sont de dimensions réduites et difficiles d'accès et de ne pas faire appel au "RO-RO". Les croquis ci-dessous sont, sans doute, plus explicatifs...

Nous comprenons assez vite que le transport maritime est appelé à se porter vers ces rouliers puisque le transit des frets devient plus rapide en diminuant ainsi les temps d'escale et les coûts.

Rampe PORTEFEUILLE telle celle du Roland Delmas. (photo Erwan Guéguéniat).


En ce 28 septembre 2009, sous les yeux intrigués des badauds un afflux de mouvements divers de la capitainerie, du pilotage, du remorquage, du lamanage, des ingénieurs de la réparation navale, de la CCI, de la passerelle du M-N Eider va confirmer la proche sortie du roulier.Les pêcheurs résignés ronchonnent. Il n'y a plus qu'à regarder, se taire, filmer et enregistrer ce départ avec un final sur une poupe, sur une rampe dont je me souviendrais longtemps... Très longtemps.


Tous mes remerciements à Erwan Guéguéniat pour son apport en connaissances et en photos (15).de sa collection personnelle. Merci à Yvon Perchoc l'oeil du cliché photographique maritime. Merci aux apprentis de la FAIAR (promotion 2007/2009 en escale au Fourneau Centre National des Arts dans la Rue à Brest du 30/09 au 17/10 2008) pour le bruitage accompagnant le diaporama. Grand salut à mon web master Yffic Cloarec. Les textes, les esquisses, les vidéos, les interviews et autres clichés sont de Yffic Dornic. Fait le 27 octobre 2009 à portde.