Les premiers charpentiers de la navigation évidaient des troncs coupés en deux. Pas de rames, pas de voiles... leurs mains faisaient avancer ces rustiques esquifs. De la lointaine Asie au plus profond des zones d'Amérique en passant par l'Afrique ou l'Océanie les hommes s'ingéniaient à bâtir des barques et autres canots. L'Europe, bien-sûr, construisait aussi des bateaux essentiels pour le commerce et la sécurité de ses côtes ou de ses fleuves. A présent le chantier naval est très structuré et représente une véritable culture. Le Guip est une référence. Voilà pourquoi Yann Mauffret a reçu la médaille du Mérite Maritime.

Les premiers charpentiers constructeurs de bateaux.

Il n'est pas facile de s'imaginer un aïeul du néolithique chevauchant un tronc d'arbre. Est-ce un homo-sapien qui dans l'instinct de survie a compris que ce mode de navigation lui procurait un moyen rapide pour la pêche et un raccourci pour aller sur les lieux de chasse? Sans empiéter sur les certitudes je pense que dés les temps immémoriaux des embarcations firent leur apparition afin de commercer, combattre, emmagasiner. De plus les plans d'eau s'affirmaient plus sécuritaire que l' épaisseur des forêts (qui varièrent ou disparurent sous l'influence des cycles climatiques). Avec des pierres ces ancêtres évidaient des morceaux de palmiers (qui ne sont pas des arbres mais des herbes). Des «Dunga» ou bateaux «tronc» sont toujours construits et utilisés au Bangladesh. Il y eut l'ère des radeaux (des arbres liés entre eux) Ensuite le «modernisme» a fait que, comme au Danemark, l'on fasse des assemblages entre monoxyles «pièces de bois d'un seul tenant»; cela s'appelle «Le bordage: coudre».Puis vint le temps où les peaux de bêtes et les grandes feuilles séchées furent mâtées permettant un surcroit de vitesse et une relative relaxation à bord. L'humanité a découvert les voiliers qui vont amener aux voyages les plus lointains ou des plus risqués. L'Egypte se dote d'une flotte assurant des liaisons avec le continent africain. Les peuples ont le goût de la conquête... Les grecs ouvrirent une brèche en Méditerranée afin d'asseoir leur suprématie grâce aux «trières». La boussole a bousculé la navigation qui restera cependant longtemps assez archaïque. Sachons que notre Europe connût les bienfaits de la maîtrise des océans... bien plus tard! Quid d'un mieux navigant? Nous voici au 15ème siècle où les bâtiments se munirent de ponts (étages) puis de châteaux (espace de commandement et de vie). De véritables abris flottants allèrent découvrir les nouveaux espaces dont on fît des colonies (trop souvent au détriment des cultures en place). Des ouvertures permirent l'installation de canons, de rames, de hublots. Les grands navires militaires ou les immenses «gabares» du commerce maritime sillonnèrent autant de l'est à l'ouest que du nord au sud jusqu'aux temps de découvertes où la mécanisation et les carènes en métal les déclassèrent. Las? Les guerres eurent raison de ces navires en bois qui risquèrent de basculer dans l'oubli. Heureusement des nostalgiques et des mécènes s'ingénièrent à les réhabiliter. Des rassemblements tels ceux «inventés» en Finistère ont secrété l'engouement du public mais aussi celui de nombreux organisateurs. Des associations, des particuliers font revivre ces vieilles coques du patrimoine maritime par un passage entre les mains et le savoir-faire du chantier naval tel le d'Guip au port de commerce à Brest. Je suis certain que nos très anciens cousins savent... là-bas... que leurs rustiques embarcations ne sont plus dans le néant des mémoires.


Ces charpentiers ont le savoir des anciens. Sous la magie de leurs doigtés les pires épaves redeviennent de fiers navires. Yann Mauffret montre l'exemple en se partageant entre son bureau d'étude et le chantier. En plus de l'odeur du bois que l'on façonne il y a une impression d'une visite rétroactive dans le passé. Le yacht (chasseur en néerlandais) "Saint-Jean" a retrouvé son élément (voir vidéo) après un passage au "D'Gip". Il date de 1939 et la belle-fille de Baptiste Aubin ne nous confie que des champions olympiques..

LE GUIP... dire LE D'GIP

(mot breton signifiant fontaine)

La belle métamorphose d'un chantier naval de 1976.

Francis Duwez ouvre un chantier naval axé sur les bateaux de pêche à «l'Ile aux Moines» dans le Golfe du Morbihan... En l'an 1976!

Le «Nicolas Benoît», un voilier, revit grâce aux charpentiers du «Guip». C'est l'engouement... En l'an 1980!

Suite à une cession Yann Mauffret, Alex Abarrategui puis Paul Bonnet vont se lancer dans la restauration de vieilles coques tout en gardant la spécificité première. Le langoustier «Le Corbeau des Mers» classé monument historique et le cotre écossais «Seagull» sont les références de la valeur professionnelle de ces hommes. En début des années 1980!

La goélette «La Recouvrance» (voir.. bateaux dans le blog) est l'œuvre qui propulse le «Guip» vers la notoriété. Un nouveau chantier s'est installé à Brest quai Commandant Malbert. Les médias, le public, les confrères ovationnent cette réussite significative. Cette copie conforme d'un aviso du type Iris (propriété de la ville de Brest sopab) est mise à l'eau devant une foule énorme lors du premier rassemblement maritime à Brest. En date du 14 juillet 1992!

Un concours de la revue «Chasse-Marée»: Bateaux-Villes des côtes de France va permettre au «D'Gip» de se distinguer encore une fois avec le «Grand Norven». En plus le trophée «Charpente Marine» vient récompenser 10 années d'efforts. Les commandes affluent et les nombreuses unités recréées par ces maîtres charpentiers sont un encouragement à persister. Bien d'autres navires sortent des chantiers du Guip... Je ne peux que vous inciter à visiter leur site: www.chantierduguip.com. C'est toujours en l'an 1992 !

La renommée internationale assure des contrats extraordinaires qui font que l'Hispania-IV ancien yacht de la famille royale espagnole construit en 1927, le Vanity-V unité de régate commandée par John Payne en 1936, le Wings un voilier de 21m40 sorti en 1937 sont les perles nautiques restaurées au Guip. Ces fleurons côtoient des gréements moins emblématiques mais refaçonnés avec la même rectitude. Période 1992/1998 !

La gabare gréée en dundee «Notre-Dame de Rumengol» datant de 1945 et propriété de l'association An Test depuis 1981 est la vedette de Brest96. Rénovée par nos «refaiseurs» elle rejoint son élément par un lancement à l'ancienne (angle quai de la Douane/quai Commandant Malbert). En Juillet 1996!

La réfection du pont d'un «Pen Duick» est une certitude pour le Guip. Quelle reconnaissance pour le savoir-faire de ces véritables «compagnons»! En l'an 2004!

Nous pourrions continuer cette liste prestigieuse... cependant vous avez tout le loisir de fouiller les sites très pointus et plus professionnels que mon blog. Alors? Alors il n'empêche que le besoin d'extension est vital pour le site de Brest. Dans une première page, du 18 octobre 2007 (rechercher: bateaux) présentant le chantier, je vous fait vivre les travaux d'agrandissement en plus de l'interview de Yann Mauffret. En l'an 2007 !

L'inauguration du site brestois a lieu dans le contexte de Brest 2008. Le bateau pilote H 23 du Havre , classé au patrimoine maritime, rejoint momentanément la mer en cette occasion. Voir en texte 4 et 5 son départ vers la Manche une fois motorisé (obligation requise pour le droit de naviguer). En ce 13 juillet 2008 à 14h30.

Nous sommes en juillet 2009... Le «Marie-Fernand» vous attend... L'espace du Guip est comble... Les 3 hommes de 1981 sont à présent 23 dont des jeunes femmes ( 7 à l'Ile aux Moine et 16 à Brest)... Ils vont à la conquête de Lorient où s'ouvre le 3ème «GUIP» afin de restaurer le thonier «Biche»...Un bateau de pêche : l'Enfant-des-Flots (11m20) est sorti du chantier... La Marine Nationale a signé un contrat pour l'entretien de ses goélettes et voiliers... Yann Mauffret savoure sa médaille du «Mérite Maritime». Oui nous sommes bien en juillet 2009 !

Bon vent aux «D'Gip» (s), à ses charpentiers et autres artistes, à Yann Mauffret ainsi qu'à son compagnon de route, Paul Bonnet.

Il fait beau sur portde en ce 14 juillet 2009.


Le 5 juin 2009 Monsieur Thierry Beisser administrateur des Affaires Maritimes de Brest épingle la croix de chevalier du "Mérite Maritime" sur le veston de Yann Mauffret. Sur le pont de La Recouvrance les invités ressentent une intense émotion... Les discours sont chaleureux... Le nouveau décoré dédie cette distinction à toute son équipe. Récompense forte pour ce groupe qui porte haut une culture spécifique.

Ces 2 photos sont de Daniel Jégou, Président de la Fédération du Mérite Maritime en Finistère


Tous mes remerciements à Daniel Jégou, président de la fédération du Mérite Maritime en Finistère, pour ses apports photographiques. Mes salutations à tous ceux qui ont voulu que ce billet soit complet. Merci à Raymond Brélivet et ses collègues m'ayant permis de filmer le St jean à partir de la Marie-Lizig. Textes, vidéos, interviews, photos non référencées de Yves Dornic. Le 18 août 2009.